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Once In A Blue Moon...
28 décembre 2009

Dreaming is my reality

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Les Chats Persans

(No One Knows About Persian Cats)

de Bahman Ghobadi

"Dreaming is my reality". Ces paroles de chansons, tirées du film Les Chats Persans, résument assez bien ce que vit cette jeunesse iranienne oppressée par un gouvernement strict.

L'œuvre de Bahman Ghobadi suit Negar et Ashkan, deux jeunes musiciens, dans l'univers underground de Téhéran. Underground, un mot qui porte tout son sens ici en Iran. Car pour pouvoir faire de la musique (ou ne serait-ce que répéter) il faut se cacher au troisième sous-sol, voire sur les toits, dans une étable ou encore dans une voiture sur l'autoroute. Rares sont les groupes qui obtiennent une autorisation délivrée par le gouvernement dans un pays où la musique – au même titre qu'un chien – est considérée comme impure. La censure guidée par la Charia est partout. 

 

Negar et Ashkan, âgés d'une vingtaine d'années, fraîchement sortis de prison où ils ont passé les deux derniers mois pour avoir joué dans un concert sans autorisation, n'ont qu'une idée en tête: pouvoir s'exprimer librement. Ils décident alors de réaliser un ultime concert en Iran afin que leur famille puisse les voir jouer au moins une fois avant de partir pour Londres. Mais pour cela, il faut de l'argent et des contacts. Par le biais de connaissances, ils entrent en relation avec Nader, espèce de défenseur de la cause culturelle aux mille relations, qui doit leur permettre de dénicher passeports et visas mais aussi d'autres musiciens pour comléter le groupe. Ensemble, ils partent alors à la recherche d'un bassiste et d'un batteur qu'ils pourront convaincre de partir avec eux. Car une fois en Europe, leur but est bel et bien de continuer à jouer.

 

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Bien que tout le film soit tourné clandestinement (sans cette fameuse autorisation), là où certains réalisateurs comme Lou Ye font très largement ressentir le caractère clandestin du tournage, Ghobadi réussit un film esthétique, voire artistique, et extrêmement dynamique. La confusion règne en permanence, perdant le spectateur entre réalité et fiction. Dès les premières minutes, la mise en abîme est flagrante et abonde en ce sens. Il faut savoir que Nedar et Ashkan sont en réalité le groupe Take It Easy Hospital et que les noms employés sont vrais.

C'est d'ailleurs cette confusion qui rend le film encore plus poignant.

Si le film oscille en permanence entre réalité et fiction c'est également par les choix de réalisation qu'a fait Bahman Ghobadi, mêlant images documentaires au genre du clip vidéo avec une aisance déconcertante.

 

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Même si l'indie rock occupe la place principale du film par le biais des deux héros, le film fait malgré tout la part belle à divers courant musicaux tels que la pop, le rap, le métal ou encore à la musique folklorique. Car en Iran, tous les style de musique sont visés par la censure.

Il en ressort une bande originale incroyablement éclectique mais saisissante.

 

On note malgré la situation actuelle du pays, l'omniprésence d'une culture universelle. Une photo d'Humphrey Bogart dans un coin, une affiche des Arctic Monkeys, de Joy Division ou de Nirvana dans des chambres, des références à des acteurs, à des groupes non commerciaux… preuve que le pays réussit à rester connecté à ce que le gouvernement prend tant de mal à lui interdire. Il est évident que cette jeunesse, face à la répression, a besoin d'exploser et de contourner les interdits. C'est entre autres choses ce que s'attache à montrer le réalisateur. Ces jeunes qui ne comprennent pas ce qu'ils font de mal en jouant, se battent pour qu'on les écoute d'une manière ou d'une autre. On sent d'ailleurs dans les dialogues, dans les sarcasmes, ce manque total de compréhension de la situation actuelle.


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"Les Chats Persans" est un film intéressant d'un point de vue musical, qui donne envie de se pencher sur cette culture underground iranienne et ce qu'elle a à offrir. Mais c'est aussi un film qui ne laisse pas indifférent. L'intensité du film se ressent de manière crescendo jusqu'à un apogée incroyable. On en ressort avec la sensation étrange d'une boule dans la gorge.

 

[ Human Jungle - Take It Easy Hospital , par Bahman Ghoabadi ]

[ Myspace : Take it easy hospital ]

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