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Once In A Blue Moon...
27 décembre 2009

Entre Chien et Loup

Entre Chien et Loup.

pt26923

(Image: www.routard.com)

Alors que la lumière du jour pointait lentement, éclairant peu à peu le sommet des collines noires qui l'entouraient, il était là, immobile. Entre chien et loup, la lueur du jour laissait à peine de luminosité pour entrevoir le monde. Mais cela valait mieux après tout. Ce clair obscur occultait ce qu'il y avait de plus moche pour ne révéler que ce qu'il y avait finalement de plus beau dans ce genre de circonstances : le néant.

Debout dans le terminal, il fixait l'horizon dans un silence profond. L'aéroport tout entier était en sommeil, plongé dans l'obscurité lui aussi. Pas âme qui vive dans les environs.

      Derrière lui, une gigantesque photo s'élevait comme l'ombre d'un espoir. Il la connaissait par cœur tant il l'avait observée. Times Square, New York City, ses buildings étincelants recouverts de publicités géantes plus exubérantes les unes que les autres et une circulation dense. Des couleurs vives comme il n'en voyait plus, des gens occupés à vivre leur vie et le luxe de pouvoir emprunter ces fameux taxis jaunes. Il la connaissait par cœur...

      Cette affiche ne représentait pas seulement un rêve. C'était surtout le symbole de son désir de fuite, de son envie d'ailleurs et de nouvelle vie. L'espoir d'un exil désormais impossible.

Il avait pourtant passé toutes ces années à travailler dur, enchaînant les diplômes internationaux pour, un jour, pouvoir passer cette maudite frontière. Toute son enfance, ses parents lui avaient intimé d'étudier jour et nuit pour échapper à la fatalité de leur famille. Pour les quitter un jour. Il les avait bel et bien quittés, mais pas comme prévu.

      Ce rêve américain, il ne le faisait plus désormais. Il était bien trop lucide pour oser espérer encore partir. Les choses étaient trop différentes aujourd'hui.

Sur le tarmac qu'il observait depuis le premier étage, un unique avion trônait sur le bitume. Là depuis des jours, il semblait l'attendre. Mais comment pourrait-il seulement partir?

 

      Les mains dans les poches, il resta encore un moment le regard dans le vague. Comme chaque nuit, il attendit que le soleil apparaisse derrière la dernière colline. Il tenait à partir avant que la lumière ne fasse le jour sur la réalité. Il ne tenait pas à voir ce qui l'entourait.

Sans un soupir, ce n'était plus la peine désormais, il tourna doucement le dos à la piste. Il jeta un dernier regard à l'affiche tout en poursuivant son chemin jusqu'à la sortie. Face à lui, un trou béait dans le mur. Une poussière grise et des morceaux de verre recouvraient le sol. Des fils électriques pendaient et sortaient de ce qui était jadis les portes d'embarquement. Sans un bruit, il glissa sur le monticule de gravas qu'il escaladait tous les jours depuis des mois et retourna se mettre à l'abri. Au loin, des bruits sourds de mitraillettes se faisaient entendre. Dans quelques temps, une nouvelle explosion retentirait sûrement.

Demain, il irait peut-être sur le tarmac.   

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