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Once In A Blue Moon...
26 septembre 2011

Rubber

rubber_movie_poster

-Rubber-

-De Quentin Dupieux-

 

"Oh god ! The kid was right. The killer is a tire."

 

 

J'aime pouvoir commencer une critique par : "Ce film est un grand foutage de gueule".

Dès les premières minutes du film, on sait qu'on ne regardera pas à un film ordinaire mais plutôt l'œuvre d'un improbable cousin éloigné de Samuel Beckett dans laquelle on pourrait sans doute croiser un certain Godot. Le spectateur est immédiatement pris à partie. Le policier chargé de "l'enquête" s'adresse à lui et pose les bases du film : ce que nous allons voir ne répond à aucune logique.

 

"In the Steven Spielberg movie "E.T.," why is the alien brown? No reason. In "Love Story," why do the two characters fall madly in love with one another? No reason. In Oliver Stone's "JFK," why is the president suddenly assassinated by some stranger? No reason. In the excellent "Chain Saw Massacre" by Tobe Hooper, why don't we ever see the characters go to the bathroom, or wash their hands, like people do in real life? Absolutely no reason! Worse, in "The Pianist," by Polanski, how come this guy has to hide and live like a bum when he plays the piano so well? Once again the answer is no reason. I could go on for hours with more examples. The list is endless. You probably never gave it a thought, but all great films, without exception, contain an important element of no reason, and you know why? Because life itself is filled with no reason. Why can't we see the air all around us? No reason. Why are we always thinking? No reason. Why do some people love sausages and others hate sausages? No fuckin' reason... Ladies, gentlemen, this film you're about to see today, is an homage to 'no reason,' the most powerful element of style."

 

Une entrée en matière qui prévient le spectateur qu'il risque d'assister au pire du cinéma (mais, malgré les apparences, il n'en est rien).

 rubber movie film quentin dupieux tire

L'absurde histoire de ce film repose sur un vulgaire pneu qui se transforme en serial killer. Et bizarrement, on peut y croire.

Débutant comme un documentaire animalier, on assiste, dans le désert, à l'éveil du petit pneu puis à son apprentissage. On se prend de sympathie pour ce personnage livré à lui-même qui doit faire seul ses premiers pas dans la vie. Le tout dans une lumière magnifique qui force l'apitoiement. Mais très vite, le pneu découvre sa force, prend de l'assurance et développe un sadisme inouï. L'ambiance change alors qu'il fait exploser à répétition lapins et autres oiseaux. Robert-rubber prend donc son essor et s'aventure hors du désert pour prendre en chasse une jeune femme, sous les jumelles de vrais spectateurs qui ne savent pas davantage que nous ce qu'ils font là.

Petit à petit, le caractère du pneu se dessine et on le cerne de plus en plus (sans pour autant vraiment tout comprendre puisque rien n'a de raison) mais les dés sont pipés et la trame suit une voie différente. Rien ne se passe donc comme prévu.

 

La mise en abîme, le scénario dans le scénario et les spectateurs dans le film, ajoute à l'absurdité du film et contribue à nous perdre un peu plus dans cette histoire de dingue.

On imagine comme l'écriture du scénario et le tournage ont dû être jouissifs pour Quentin Dupieux, le chef décorateur et les acteurs qui ont dû à maintes reprises avoir de nouvelles idées aussi saugrenues que celle de faire sortir un mec d'un coffre ou d'exploser toutes les chaises évidemment sans raison.

Le résultat est hilarant. Et surprenant, car rempli de détails.

 

rubber-2

 

Quentin Dupieux nous sert en prime une impressionnante photographie ainsi que des cadrages très esthétiques. Il y a assurément du travail derrière toute cette absurdité.

Le scénario possède d'ailleurs différents degrés de lecture et regorge de réflexions. Le ridicule de la situation amène à une certaine critique. Tout le monde relèvera aisément la réplique du flic qui demande si le pneu est noir. Mais Dupieux ne s'arrête pas là. Ce n'est pas innocemment qu'il installe constamment Robert devant la télévision et qu'il ose pour terminer le déposer aux portes du mythique Hollywood. Tout ça sent incontestablement le pied de nez.

 Rubber est un excellent clin d'œil aux slashers des années 80. Tant dans la construction de l'histoire, l'inévitable serial killer poursuivant une fille seule et sexy, que dans les décors, le kitch du motel et du lieutenant Chad pour ne citer que ça. Enfin, la musique de Quentin Dupieux (alias Mr Oizo), ainsi que celle de Justice qui accompagne la dernière scène, marquent nettement cette tendance. Quentin Dupieux livre d'ailleurs un intéressant travail général sur la bande-son. Un savoureux mélange de musique et de sound design très inspiré.

 Rubber est un ovni qui nous fait grandement anticiper la sortie de Wrong, le prochain film au synopsis improbable de ce réalisateur hors norme.

 

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