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Once In A Blue Moon...
30 avril 2011

Pina, de Wim Wenders

pina_wim_wendersPina Bausch est une figure du monde de la danse. Un maître pour certains, un génie pour d’autres… Et je ne les contredirai pas.

Entrée dans son univers pour la première fois par le biais du film de Win Wenders, les présentations ne pouvaient pas être mieux faites.

Le réalisateur, qui a mis près de trois ans pour réaliser ce film, avait en amont travaillé avec la danseuse et chorégraphe avant qu’elle ne décède subitement en 2009.

Et ça se sent. Jamais ballet n’a été si bien filmé. (Excepté peut-être lorsque Edouard Lock filme sa compagnie La la la Human Steps…)

En général, plutôt statique, la caméra observe une distance qui empêche le transfert d’émotions ou bien alors, à l’inverse, elle devient envahissante et gêne le spectateur dans son appropriation du moment, l’obligeant à regarder ce que le réalisateur veut qu’il regarde.

 

Dans Pina, Win Wenders respecte le travail des danseurs et de la chorégraphe. Il saisit l’essence des ballets. Il donne au spectateur la possibilité d’entrer dans la danse comme il n’aura plus jamais la chance de le faire, en optant pour des angles étonnants, en se plaçant parfois à quelques centimètres seulement d’un danseur et laissant ainsi percevoir ses expressions du visage ou ressentir son souffle court.

 

 

 pina2

 

A l’image de l’art parfois absurde de Pina, qui mêle brillamment danse et théâtre, Wim Wenders déplace des saynètes dans des lieux insolites et filme alors au beau milieu d’un carrefour, dans un funiculaire, dans une piscine municipale ou bien dans une carrière. Tout comme Pina aimait à le faire sur scène en recréant des décors impressionnants composés par exemple de terre, d’eau, etc… Car les éléments naturels ont toujours tenu une place importante dans son art. Wenders nous en fait la démonstration en filmant certaines de ses chorégraphies sur scène comme Le Sacre du Printemps qui se déroule sur un parterre de terre sombre, ou bien Vollmond dont le décor se compose d’un énorme rocher et de centaines de litres d’eau. Dans ces circonstances, les danseurs se donnent corps et âmes, ils plongent dans l’eau sans demi-mesure, sont recouverts de terre, répètent des mouvements éreintants jusqu’à épuisement car la chorégraphe ne leur épargne rien. Elle les force sans cesse à se dépasser et à donner le meilleur. Elle n’hésite pas les enlaidir pour les rendre encore plus beaux.

 

 

pina_1

 

 

La relation qui existe (ou qui existait) entre Pina Bausch et sa troupe est indéniablement particulière. Lorsque la caméra du réalisateur donne l’occasion aux danseurs de s’exprimer sur la fondatrice de la compagnie Tanztheater Wuppertal, on note un profond respect dans leur regard et dans leurs mots qu’on ressent comme vraiment sincères.

En revanche, comme l’aurait sans doute voulu Pina, ce ne sont pas les témoignages qui provoquent le plus d’émotions mais bel et bien ses ballets, qui donnent parfois la chaire de poule et peuvent laisser sans voix.

 

 

Pina3

 

 

Pina Bausch était indéniablement une grande artiste dont l’éclectisme culturel force le respect. Ses chorégraphies puissantes, violentes, tantôt servies par des musiques électroniques, de l’opéra ou de la variété seront interprétées sans aucun doute encore longtemps dans le monde entier.

 

Pina, par la compagnie Tanztheater Wuppertal et Wim Wenders, est un somptueux hommage qui donne envie d’en voir plus. En vrai. Sur scène.

A la fin du film, lorsque défile le générique, comme après un ballet dans une salle de spectacle, on aimerait applaudir les artistes.

 

 

 

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Les danseurs de la troupe terminant leur tour d’honneur.

 

 

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