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Once In A Blue Moon...
12 janvier 2010

Tetro, de FF Coppola

 

    tetro

      Après un passage remarqué à Cannes, "Tetro" était fort attendu cette année. Aujourd'hui encore, Francis Ford Coppola continue d'étonner et d'épater.

      Benjamin (Bennie) embauché sur un bateau de croisière, profite de l'avarie de l'engin pour rendre visite à son demi-frère Angelo désormais appelé Tetro, qui vit à Buenos Aires. Séparés depuis des années, les retrouvailles ne sont pas aussi chaleureuses qu'il l'avait espéré. Lorsque Tetro avait quitté la famille et s'était exilé en Argentine, c'était à l'origine pour écrire. Mais aujourd'hui, Tetro a laissé tomber. Des affaires familiales semblent planer au dessus de leur tête mais Bennie n'est guère au courant. Intrigué, il va alors chercher à comprendre ce qui est arrivé à son frère et au reste de sa famille. Cette fois-ci, Coppola signe un film que l'on pourrait ranger dans la catégorie des grandes tragédies familiales. Les cachotteries et les découvertes sont nombreuses. Même sans connaître la vie du réalisateur de renom, on sent d'ailleurs comme une patte  autobiographique qui pèse sur l'histoire de bout en bout. On est à même de se demander jusqu'où il a voulu pousser la ressemblance…

      Si les dialogues sont souvent savoureux, la réalisation en noir et blanc est majestueuse. Elle donne à l'histoire une certaine intemporalité. A chaque seconde, le spectateur ne sait s'il se trouve dans les années 5O ou de nos jours. Intemporalité renforcée par l'usage de la couleur uniquement dans les flash-back. Mais Coppola n'est pas à une ironie près… Le travail porté à la photographie est remarquable. Le noir et blanc offre de sublimes jeux d'ombres et lumières. On se souviendra notamment d'une scène de nus d'une grande poésie.

tetro__lumi_re

L'image est accompagnée d'une musique teintée de tango argentin mais aussi de grands airs d'opéra. Car l'opéra, ainsi que le cinéma et le théâtre occupent une place importante dans le film. Un peu comme un hommage. Les personnages secondaires ont d'ailleurs l'air de sortir tout droit de pièces d'opérette. Leur côté un peu loufoque, exubérant et démesuré accentue le tragicomique du film. Vincent Gallo, dont on se souvient généralement pour son caractère et ses choix sulfureux, incarne ici avec justesse un Tetro complexe. Personnage écorché, écrivain torturé, à la fois dur et doux, que la vie n'a pas épargné mais qui le lui rend bien. On peut également saluer la prestation d'Alden Ehrenreich qui interprète le jeune frère avec réalisme. L'évolution de son caractère est palpable. C'est une belle réussite. Pour finir, ce qui pourrait se révéler être une simple histoire de famille, s'avère en réalité également porteuse de messages propres au réalisateur. En effet, il glisse de-ci de-là quelques visions sarcastiques sur la politique ou encore la culture. Alone, une critique littéraire jouée par Carmen Maura en est par exemple l'incarnation. Elle traduit à elle seule la pensée de Coppola sur les remises de prix et autres festivals. Une mise en abîme ironique quand on sait que le film a été présenté dans une dizaine de festivals cette année. Mais à soixante-dix ans, Coppola peut tout se permettre…

tetro_gallotetro06
 

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